En Pologne, Volkswagen chauffe la ville de Poznan

Sur son site de Poznan, le constructeur allemand a fait appel à Veolia pour l’aider à améliorer son empreinte environnementale. Une démarche qui a conduit les deux groupes à mettre au point une solution inédite permettant de récupérer la chaleur fatale générée par la fonderie de VW pour la réinjecter dans le réseau de chauffage urbain de la ville. Une première dans cette partie de l’Europe…
Published in the dossier of février 2019

 

À Poznan, Volkswagen dispose de quatre sites de production, dont une fonderie, troisième plus importante du groupe automobile et plus importante fonderie de culasses d’Europe. Soucieux de réduire l’empreinte énergétique de cette usine, le Groupe a mis en place un procédé de récupération de chaleur perdue — ou chaleur fatale — issue des compresseurs de la fonderie. Depuis 2016, elle contribue à alimenter le réseau de chaleur de la ville, opéré par Veolia.
 

Une fonderie de référence

La fonderie Volkswagen Poznan, située dans le quartier de Wilda, est l'un des premiers cas de valorisation de chaleur perdue en chauffage urbain en Europe centrale et orientale.

« Avec 30 000 tonnes d’aluminium traitées chaque année, nous sommes la deuxième plus grande fonderie de Volkswagen AG et l’une des plus importantes installations de ce type en Europe., explique Thomas Kreuzinger-Janik, directeur de la fonderie. Près de 30 % des véhicules fabriqués par Volkswagen AG sont équipés de culasses fabriquées à Poznań. Notre production annuelle atteint environ 4,5 millions de composants que nous livrons majoritairement aux marques du Groupe. »

La fonderie compte aujourd’hui parmi ses clients directs VW Braunschweig, VW Salzgitter, VW Chemnitz, VW Hanovre, VW Kassel, VW Polkowice, Audi Györ, Audi Ingolstadt, Audi Neckarsulm Skoda et Bosch Automobile.

Volkswagen, constructeur responsable

Depuis 2010, la fonderie de Poznan participe au programme Think Blue Factory du Groupe Volkswagen dont l’objectif est notamment de réduire de 45% les émissions de CO2 de ses usines d’ici 2025. L’ambition du site de Poznan : réduire les émissions carbone, baisser la consommation d'énergie et d'eau et diminuer de 25 % le volume de déchets pour chaque pièce produite. En outre, l’usine est engagée dans une stratégie de développement durable adoptée en 2014, qui concerne trois domaines majeurs : les personnes, l’économie et l’environnement.

Au-delà du dialogue constant avec les 11 000 employés de ses 4 sites, Volkswagen Poznan a mis en place un système intégré de gestion de l'environnement et de l'énergie, conforme aux normes ISO 14001 et 50001. Les certificats attestent que les installations répondent à toutes les réglementations environnementales polonaises et européennes.

Dans un processus de dialogue avec les riverains de ses sites, Volkswagen Poznan cherche des solutions pour compenser son impact environnemental. Il participe activement à la vie des communautés locales pour leur assurer des opportunités de développement : éducation, intégration, protection de l’environnement, aide aux enfants et aux jeunes, sécurité routière… www.volkswagen-poznan.pl.

La chaleur fatale, une nouvelle source d’énergie

« Dès 2011, explique Thomas Kreuzinger-Janik, nous avons réalisé à quel point la production d’air comprimé est un processus énergivore : or, 80 % de l’énergie électrique nécessaire à la production est d’abord convertie en énergie thermique puis transférée sous forme d’eau chaude pour être refroidie. Récupérer les calories de cette eau chaude — et non plus la refroidir — est devenu alors évident. »

Au terme de deux ans de recherche, Volkswagen et Veolia ont mis au point une solution permettant de capter 90% de la chaleur dégagée par la production d’air comprimé, évitant ainsi qu’elle ne parte dans l’atmosphère : un échangeur air/eau récupère l’énergie puis la réinjecte sous forme d’eau chaude (85°C) dans le réseau de chaleur de la ville.

Une opération complexe, précise Thomas Kreuzinger-Janik : « Pour connecter la fonderie au centre de distribution d’énergie de Veolia, nous avons dû construire un pipeline de 2 km. Volkswagen a investi 280 000 euros dans l’installation de récupération et Veolia 80 000 euros pour le raccordement à son réseau. »

Résultats, le site économise chaque année 17 millions de litres d’eau (utilisés dans le système de refroidissement), 400 000 KWh d’énergie (pour faire fonctionner le compresseur) et réduit de 1 000 tonnes ses émissions carbone.

Un chauffage urbain plus écologique

Grâce à cet apport de chaleur industrielle dans le réseau de chauffage urbain de Poznan, de nombreuses constructions situées à proximité de la fonderie, soit une trentaine de bâtiments publics (hôpital, université…) et 2 000 logements, sont chauffés de manière écologique.

Veolia participe aux programmes de réhabilitation du centre-ville en raccordant progressivement les bâtiments au réseau de chaleur. En conséquence les poêles à charbon individuels, émetteurs de CO2 et causes fréquentes d’incendies, disparaissent petit à petit. Avec un bénéfice direct pour les usagers du réseau : la réduction des coûts de chauffage de 9 %.

Aller plus loin avec la chaleur fatale

Pour atteindre l’objectif qu’elle s’est assignée (réduire de 45 % l’impact environnemental du site entre 2010 et 2025), la fonderie doit « aller plus loin, confirme Thomas Kreuzinger-Janik. Toujours avec Veolia, nous travaillons sur une solution de récupération de la chaleur des gaz qui s’échappent des fours de fusion, à 200°C. Et bien sûr, toujours pour chauffer les quartiers avoisinant la fonderie. »

La fonderie de Poznan pourrait bien contribuer à l’amélioration du bilan carbone de Volkswagen. Avant que le premier constructeur automobile européen, pour respecter les accords pris à Paris sur le climat, ne tourne définitivement la page des moteurs thermiques après 2040.

Chiffres clés

La fonderie de Poznan
+ de 1 100 employés
4,5 millions de composants fabriqués/an

  • 2 millions de culasses
  • 2 millions de boîtiers de direction
  • 500 000 essieux avant pour l’Audi A5

Capacité de production de 250 tonnes, soit 11 camions de pièces moulées par jour

Le réseau de chauffage urbain
1 700 km de réseau qui alimentent 200 000 habitants.

Les bénéfices de la récupération de chaleur fatale pour l’usine et la ville de Poznan
1 100 tonnes par an d’émissions de CO2 évitées
635 tonnes de charbon économisées par la fonderie
17 millions de litres d’eau chaude à 85°C injectés dans le réseau de chaleur, soit 12 gigajoules acheminés par an
17 millions de litres d’eau par an économisés
30 bâtiments publics et 2 000 appartements chauffés
Réduction de 9 % des coûts de chauffage pour les abonnés du réseau municipal

 

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