Depuis sa création en 2013, le comité « critical friends », aujourd’hui constitué d’une quinzaine de membres, experts dans des domaines très variés, accompagne le Groupe dans sa réflexion, à la croisée de ses grands enjeux éthiques, sociétaux, stratégiques et opérationnels, dans un climat de franchise critique qui constitue véritablement sa spécificité. D’où son appellation… Avec deux règles du jeu : la totale liberté d’expression et la confidentialité des débats.
Jean-Michel Severino Président de Investisseurs & Partenaires (I&P) et du comité « critical friends » de Veolia.

En quoi le comité est-il utile à Veolia ?
Veolia compte sur ses « critical friends » pour débattre de questions complexes, sans concession sur les plans intellectuel et éthique ni obligation de faire consensus. La richesse de la mécanique de ce comité est la très grande liberté de penser et d’interaction qui y règne et que nous entretenons avec la Direction générale. Comme lorsque Veolia nous a interrogés sur ses activités dans les déchets radioactifs, le gaz de schiste et le charbon, trois sujets qui ont fait l’objet d’avis divergents parmi les « critical friends » : contribuer à améliorer la performance environnementale d’activités par ailleurs décriées sur le plan environnemental, est-ce de l’amélioration ou de la dégradation de bilan ? S’ils peuvent sembler philosophiques, ces débats ont des répercussions tangibles en matière réputationnelle, stratégique et opérationnelle.
Quel regard portez-vous sur la formalisation de la raison d’être, à laquelle vous avez contribué ?
J’y vois l’intégration dans la vie managériale d’une approche portée de longue date par son PDG, celle de l’utilité de l’entreprise pour ses parties prenantes, sous-tendue par les démarches à la fois stratégiques et de RSE engagées par Veolia. Dès 2014, le comité a ouvert des débats sur l’exigence qu’implique la signature Ressourcer le monde ; contribuer à la définition et à l’élaboration de la raison d’être était donc une suite logique. Nous nous sommes penchés à la fois sur son texte, sa démarche et sa gouvernance. Une étape complexe pour le comité, pour laquelle l’interaction avec la Direction générale a été très engageante, a porté sur le nouvel ancrage accordé au comité autour de la gouvernance de la raison d’être. D’où des discussions approfondies, notamment les limites à ne pas franchir pour conserver au comité ses spécificités utiles à Veolia de liberté et de non-consensus. À partir de 2021, nous allons ainsi participer à la surveillance critique des indicateurs de performance de la raison d’être.
Justement, en quoi votre implication dans la construction du tableau de bord a-t-elle particulièrement pesé ?
La stabilité d’un système d’indicateurs réside non pas dans sa capacité à décrire le monde entier mais à être crédible et légitime sur la partie qu’il décrit. Le comité a donc eu le souci de pousser Veolia à assumer que des volets de la raison d’être ne soient pas rapportables sur la base d’un indicateur. À titre d’exemple, nous avons eu une discussion très nourrie sur la mesure de la contribution à l’éthique dans un tableau de bord… Un sujet majeur de la raison d’être, qui se reflète dans la structuration finale du tableau !
Comment comptez-vous accompagner Veolia dans la préparation de l’après-crise Covid-19 ?
Le Covid-19 est un bouleversement multidimensionnel pour Veolia. La crise met l’accent sur deux thématiques déjà plus présentes qu’ailleurs — la Santé/Environnement et la Biodiversité — et qui vont remonter dans l’agenda stratégique du Groupe. Elle entraîne également une réflexion approfondie sur l’organisation de Veolia, notamment dans son volet social. Je pense à l’activité Déchets, dont les collaborateurs sont chaque jour dans nos rues alors que le monde est confiné. Dans cette forme de réhabilitation en cours, le statut d’entreprise de services de Veolia prend sa pleine puissance.