Les réseaux d’eau sont-ils vulnérables ?
Pour vous répondre, je vais prendre l’exemple de la ville de Nokia en Finlande, qui a connu en 2007 un incident sur son réseau d’eau potable : un retour de boues de station d’épuration. Les autorités locales n’ont pas su réagir rapidement, et un tiers de la population, soit 8 000 personnes, a souffert de gastro-entérite – 200 ont dû être hospitalisées. Le réseau a été coupé pendant quatre mois pour travaux, avec des conséquences économiques notables.
Depuis quand travaillez-vous sur une solution pour améliorer la sécurité des réseaux ?
Cyrille Lemoine, directeur du Développement et de l'Innovation, Endetec

En 2006, Veolia a impulsé un grand projet de recherche sur les risques dans les réseaux. À la même époque, la Direction Générale de l’Armement du ministère de la Défense travaillait aussi sur cette problématique. C’est alors que l’Union européenne a lancé, entre 2008 et 2012, le programme Sécur’eau1 de sécurité et décontamination des systèmes de distribution d’eau potable suite à une contamination délibérée. Ce programme a retenu la solution technique développée par Endetec, filiale de Veolia : un capteur capable de mesurer la qualité de l’eau baptisé « Kapta ». À travers ce choix, l’UE se positionne dans une logique différente de celle retenue par les États-Unis. Ces derniers optent pour la mise en place dans les lieux sensibles d’équipements capables de détecter de nombreuses pollutions. Mais ces capteurs sont coûteux et leur maintenance compliquée. De plus, nous avons vu récemment que le terrorisme ne s’attaque pas forcément aux lieux sensibles, mais souvent aux populations, là où elles sont.
Quelle est la spécificité de « Kapta » ?
Son rôle est d’indiquer l’existence d’une contamination. Il est peu coûteux et peut être largement déployé dans les réseaux d’eau, aussi bien pour détecter une contamination accidentelle qu’un acte malveillant. Cette alerte précoce permet d’intervenir rapidement et d’éviter que la population boive de l’eau contaminée. Elle permet également de mener des tests complémentaires dans les délais les plus brefs pour déterminer les substances incriminées.