La qualité de l’air, un enjeu vital

L’air est un bien commun dont
la qualité ne cesse de se dégrader,
ce qui affecte fortement la santé
humaine et l’environnement.
En réaction, des législations
imposent des règles de plus
en plus strictes, aux États
comme aux industries.
Published in the dossier of avril 2018
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L’innovation, un accélérateur de progrès

Veolia est l’un des membres fondateurs d’Airlab, la plateforme d’innovation développée par Airparif, réseau francilien de surveillance de la qualité de l’air. Airlab réunit start-up, PME et grandes entreprises, instituts de recherche, collectivités locales, organismes gouvernementaux et citoyens. Dans cette dynamique d’open innovation, Veolia et le groupe immobilier Icade lancent conjointement un projet destiné à tester une nouvelle génération de capteurs conçus par des start-up et chargés de veiller en continu à la qualité de l’air dans les immeubles de bureaux. Objectifs : contrôler la ventilation, recycler l’air intérieur, mesurer l’hygrométrie et réduire les émissions de CO2, de particules fines et de composés organiques volatils. Les premiers tests sont prévus pour l’été 2018.

Selon Sabine Fauquez-Avon, directrice générale d’Ofis, « cette expérience commune nous permettra d’offrir à nos clients tertiaires et industriels une solution combinée, intégrant efficacité énergétique et sécurité sanitaire des bâtiments ».

Nous respirons un air très pollué dans de nombreux endroits du monde. En dépit de la prise de conscience qui s’est effectuée ces dernières années, les progrès restent sporadiques : le niveau global de la pollution atmosphérique continue d’augmenter. Les conséquences sur la santé sont graves : elle causerait actuellement la mort prématurée de 6,5 millions de personnes dans le monde. Compte tenu de l’urbanisation et de l’industrialisation rapides de la planète, ce chiffre pourrait monter à 7,5 millions de personnes en 2040. Parmi ces décès, 4,5 millions seront dus à la pollution de l’air ambiant, 3 millions à la pollution de l’air intérieur.

Au-delà de l’impact sur la santé humaine, les conséquences économiques sont colossales. Selon l’OCDE, la pollution de l’air générerait des coûts économiques globaux équivalents à 1 % du PIB mondial, soit près de 2 600 milliards de dollars par an, d’ici à 2060. Une estimation qui tient compte des répercussions sur la productivité au travail, les dépenses de santé et le rendement des cultures agricoles.

Tour d’horizon

Pourquoi est-ce si difficile d’améliorer la qualité de l’air ? Premier obstacle : l’insuffisance des mécanismes réglementaires, fiscaux et incitatifs, qui n’encourage pas le développement et la mise en place de nouvelles technologies et ne permet pas de financer cette externalité négative. Autre frein : la multiplicité des sources de pollutions et donc la complexité de l’écosystème « air » ne permettent pas forcément aux parties prenantes d’appréhender les bénéfices de leur action, notamment financiers. Or la capacité du marché à attirer des investisseurs – et donc des capitaux – serait une motivation clé pour que les décideurs s’engagent à atteindre des objectifs plus ambitieux en termes de qualité de l’air. Finalement, l’impulsion pourrait venir de l’opinion publique, de plus en plus inquiète des conséquences de la pollution atmosphérique sur la santé. Selon l’étude Elabe réalisée pour Veolia fin 2017 dans 28 pays, la qualité de l’air est la seconde préoccupation des individus. Des manifestations citoyennes de plus en plus nombreuses en Inde, en Chine et en Europe incitent les gouvernements à réagir. Et chaque jour, de nouvelles villes prennent des mesures pour limiter les émissions locales de polluants atmosphériques.

En réponse à cette pression sociétale, les législations nationales commencent à évoluer. Elles fixent des seuils de plus en plus stricts aux émissions de polluants atmosphériques comme les oxydes d’azote (NOx) et les particules fines. La même démarche réglementaire s’intéresse depuis peu à l’air intérieur. En France, une surveillance de la qualité de l’air est devenue obligatoire dans les écoles élémentaires et les crèches. Une exigence qui sera étendue à tous les établissements scolaires d’ici à 2020 et à l’ensemble des structures accueillant du public à partir de 2023.

Paré pour agir

En matière de lutte contre la pollution atmosphérique, Veolia a beaucoup à offrir.

« Dans ce domaine, nous disposons de nombreuses compétences déjà opérationnelles dans les entités du Groupe. Simplement, elles ne sont pas encore pleinement déployées. À nous de mieux les promouvoir, de façon à apporter des réponses aux besoins de nos clients en matière de qualité de l’air », déclare Sabine Fauquez-Avon, directrice générale d’Ofis, filiale de Veolia.

Fort de son expérience dans le domaine de la gestion et de la maintenance des bâtiments, le Groupe propose à ses clients des solutions dédiées dans le domaine de la qualité de l’air intérieur.

« Il s’agit d’assurer la santé et le confort des usagers des bâtiments tout en maîtrisant la consommation d’énergie nécessaire à ces prestations, explique Sabine Fauquez- Avon. En matière de qualité de l’air ambiant, Veolia opère davantage comme un intégrateur de services. Et peut ainsi accompagner les municipalités dans le développement d’une stratégie globale de lutte contre la pollution atmosphérique. »

En tant qu’expert de l’eau, des déchets et de l’énergie, le Groupe possède plusieurs « socles d’expertise » qu’il peut exploiter pour répondre au défi de la qualité de l’air. En particulier :

  • des technologies d’incinération des déchets dangereux intégrant un savoir-faire en matière de contrôle des émissions de polluants, comme celles provoquées par le mercure ;
  • des solutions pour maîtriser les odeurs émises par les stations de traitement des eaux usées ;
  • une offre étoffée de services énergétiques et de gestion de réseaux de chauffage, ventilation et climatisation agrégeant les normes de qualité de l’air intérieur ;
  • des centres de pilotage à distance des réseaux d’eau et d’énergie (Hubgrade) intégrant désormais le pilotage de la qualité de l’air ;
  • un savoir-faire éprouvé en matière d’audit, de diagnostic et de mesure de la qualité sanitaire des flux d’eau et d’air dans les bâtiments.

Solutions intégrées pour le coeur de clientèle

Une question de volonté

« Tant de gens à travers le monde respirent un air pollué, et trouvent normal que le ciel soit gris… Je suis convaincue que nous pouvons imaginer des solutions intelligentes pour éliminer totalement les émissions de polluants et de carbone de nos villes. C’est tout à fait réaliste, à condition que des entreprises comme Veolia continuent à faire preuve de créativité et accélèrent leurs capacités à développer des technologies à même de guider les consommateurs dans la bonne direction. Si nous parvenons à mettre en place des mesures efficaces pour contrôler la pollution de l’air, nous sauverons chaque année des milliers de vies. Ce n’est pas qu’une question de technologie. C’est aussi une question de volonté, politique et citoyenne. La volonté d’aller vers un monde durable, sans impact négatif sur notre santé. »

Maria Neira,
directrice du département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé – Organisation mondiale de la Santé (OMS)

« Nous avons identifié des offres permettant de répondre aux besoins de nos clients, en commençant par les marchés à plus fort potentiel de croissance à court et moyen termes », explique Jean-Christophe Taret, directeur de la stratégie de Veolia.

Pour Veolia, le premier marché cible en matière de qualité de l’air intérieur est le secteur tertiaire : bureaux, hôpitaux, locaux commerciaux. Le Groupe mise sur une gestion intégrée de la qualité de l’air, à partir de l’exploitation des données, de leur analyse et du retour d’expérience terrain.

« Gestionnaire des ressources énergétiques de ses clients, Veolia possède de fait une connaissance approfondie des infrastructures, de leur conception à leur exploitation, et qui pourrait aller jusqu’à la mesure en temps réel de la qualité de l’air », explique Jean-Christophe Taret.

Cette surveillance continue permettrait de détecter d’éventuelles dégradations, de préconiser de nouveaux schémas et d’apporter des mesures correctives.

Concernant l’air ambiant, Veolia pourrait proposer, notamment aux villes moyennes et aux grandes agglomérations européennes et nord-américaines, des outils d’aide à la décision (mesure, modélisation et prédiction de la qualité de l’air dans la ville). Ceux-ci permettraient de formuler des recommandations pour agir sur les sources de pollution et mettre en place des actions d’atténuation (par exemple, décider de la fermeture du périphérique ou d’une autoroute pour réduire la pollution aux heures de pointe). Ces outils pourraient intégrer des plateformes digitales d’information sur la qualité de l’air via des applications mobiles pour les citadins, leur permettant d’être informés en temps réel de la qualité de l’air et des mesures d’atténuation en cours de mise en oeuvre. Cette offre s’appuierait également sur des données collectées par d’autres acteurs de la ville dans le cadre de partenariats.

Surmonter les obstacles

Veolia développe des projets pilotes sur site avec plusieurs de ses clients dans le monde, explique Sabine Fauquez-Avon. « Sur les projets de qualité de l’air intérieur, nous travaillons étroitement avec le Laboratoire Baxter en Belgique, l’hôtel Sheraton à Dubai et nous menons en outre une expérimentation au V, l’immeuble qui abrite notre siège social en France. Nous y contrôlons la ventilation des bureaux afin d’optimiser le confort des occupants. »

D’autres projets pilotes s’intéressent à la qualité de l’air ambiant des villes et des collectivités locales : l’un porte sur la surveillance des pollens à Nice (France), un autre sur la récupération de mercure dans les fumées des incinérateurs, la détection de sources de pollution atmosphérique, l’élaboration de stratégies de riposte à Manille (Philippines).

« Les réponses politiques, réglementaires, technologiques, sociétales et financières à la lutte contre la pollution atmosphérique et aux risques sanitaires et économiques qu’elle engendre prendront du temps à se mettre en place », souligne Jean-Christophe Taret. Un temps que Veolia compte mettre à profit pour inventer des solutions capables de relever le défi.

Les chiffres clés de la pollution de l’air

  • 4e cause de mortalité dans le monde
  • 7,5 millions de décès prématurés en 2040 dont 4,5 millions dus à la pollution de l’air ambiant et 3 millions dus à la pollution de l’air intérieur