François Bland, Directeur du parc national des calanques

Après des années de discordes au sujet des rejets en mer, êtes-vous aujourd'hui totalement satisfait des solutions mises en place ?
F.B. : L'activité d'Alteo a, effectivement, toujours cristallisé les tensions et des questionnements quant à l'impact du rejet en mer en termes de pollution et de santé humaine. Nouvel acteur du territoire, le parc national des Calanques s'est inscrit dès sa naissance dans l'histoire d'une grande pollution industrielle liée au rejet de l'usine d'alumine de Gardanne. Dès 2014, son Conseil d'administration a imposé la réduction drastique des pollutions et la mise en conformité du rejet de l'usine en cœur marin du parc national dans un délai de six ans. L'objectif est aujourd'hui atteint et les tensions sont relativement apaisées. Les résultats sont donc incontestablement encourageants.
Pour autant, le parc national continue à maintenir une logique forte et rapide de progrès. L'usine de traitement installée par Veolia sur le site d’Alteo apporte la preuve que l'industrie peut s'adapter et que ce type de solution intégrée, performante et complète, pourrait s'appliquer ailleurs.
En quoi cette unité de traitement biologique d'eaux usées industrielles assure-t-elle une activité essentielle à l'économie locale, tout en préservant le patrimoine environnemental du parc national des Calanques ?
F.B. : Elle démontre tout d’abord qu'une aire protégée peut s'inscrire dans un grand territoire dont elle prend en compte l'histoire et la vie économique. En évitant de se positionner « par principe » contre tout rejet – ce qui revenait à fermer l'usine de Gardanne –, le parc national a démontré que son action prenait en compte les interdépendances socioécologiques, pour tendre rapidement vers une solution de zéro rejet polluant. L'économie ne s'oppose pas à l'écologie et il faut saluer les efforts des industriels pour adapter leurs outils, sans remettre en question leur performance, dans la prise en compte de l'environnement marin.
Le projet Alteo-Veolia vous semble-t-il duplicable ?
F.B. : Concernant l'approche, mais aussi le développement des techniques, je pense que la démarche d'Alteo peut devenir une référence. Le contexte du parc national a permis une évolution rapide. Il a rendu indispensable la recherche et la mise en œuvre des meilleures techniques disponibles, susceptibles à présent d'être exportées dans les usines traitant les mêmes types de minerais. Les objectifs du parc national des Calanques à long terme ? Pourquoi ne pas envisager, toujours avec Alteo, le zéro rejet en mer en couplant la production d'alumine à un recyclage de l'eau dans l'usine...