Depuis plus de vingt ans, Veolia conçoit des technologies innovantes pour mieux trier les déchets de ses clients. Les principales sont : le tri téléopéré – affinage du tri à l’aide d’écrans tactiles – et le tri séquentiel auto-adaptatif (TSA2®) – tri automatique des emballages en fonction de leurs matière et couleur. Aujourd’hui, le Groupe intègre des robots-trieurs intelligents au sein de ses outils industriels. La Direction Technique et Performance de Veolia, qui accompagne les centres de tri du Groupe dans leur évolution technologique, mise sur l’intelligence artificielle. Depuis juin 2018, le robot Max-AI® est opérationnel à Amiens, une première en France et en Europe.
Marc Brunero, Direction Technique & Performance, Activité Recyclage & Valorisation des Déchets (RVD) de Veolia en France

Qu’apporte l’intelligence artificielle au tri haute performance ?
La solution robotique intelligence artificielle complète les autres solutions de pointe que nous utilisons dans nos centres de tri. Elle répond bien à notre objectif principal : continuer à simplifier les gestes du trieur, source d’une meilleure sécurité au travail, tout en dopant les performances du tri des flux de matières. Nous devons faire face à des exigences de tri toujours plus ambitieuses. D’une part, l’extension des consignes de tri capitale pour augmenter les quantités de matières recyclées, nous a apporté dans les collectes sélectives des déchets plus souillés qu’auparavant, et donc moins faciles à trier. D’autre part, la fermeture des frontières de la Chine aux déchets plastiques de qualité insuffisante nous oblige à améliorer la qualité du tri, tout en accroissant nos performances pour assurer un débouché aux matières premières issues du recyclage. D’où l’intérêt de développer des robots dotés d’intelligence artificielle, capables d’effectuer plus de 3 000 gestes à l’heure pour un tri fin des déchets.
Concrètement, à quoi ressemble Max-AI® ?
Max-AI® est l’association d’un « oeil », une simple caméra optique, et d’un « bras », robot articulé, pilotée par un « cerveau », réseau neuronal implanté dans un ordinateur.
Comment se comportent les deux prototypes Max-AI® utilisés par Veolia ?
L’installation de Max-AI® est une première en France et en Europe. Les premiers modèles venant des États-Unis, il faut tout lui apprendre. Autrement dit, nous devons enrichir suffisamment sa base de données afin qu’il puisse effectuer ses tâches correctement dans son nouvel environnement. Nous sommes ainsi en relation constante avec les ingénieurs qui l’ont conçu et développent les applications nécessaires. À nous d’adapter ce robot américain aux normes et aux spécificités françaises. Le premier est en configuration test dans la zone mécatronique de la Halle de Mantes-La-Ville , pour affiner ses performances et vérifier ses futures capacités d’adaptation dans nos différents centres de tri. Quant au deuxième, nous avons décidé de l’installer en production au centre de tri d’Amiens, pour vérifier sa robustesse dans le temps.
Max-AI® est-il polyvalent ?
Renforcer sa polyvalence est un enjeu pour demain. Aujourd’hui, il n’est opérationnel que sur une application : le contrôle qualité des cartons. Mais à terme, il saura sans doute exécuter tous les gestes qu’accomplit un opérateur. Ses limites actuelles sont liées à sa courbe d’apprentissage : il doit progressivement apprendre à mieux dissocier chaque type de déchet. C’est justement pour optimiser le fonctionnement du robot et tester précisément son efficacité sur différents flux de matières que nous travaillons sur un deuxième prototype avec le département Recherche & Innovation du Groupe.
La famille Max-AI® va-t-elle s’agrandir ?
Ces premières expériences nous permettent de promouvoir le déploiement de Max-AI® dans les appels d’offres concernant les centres de tri des collectivités. C’est le cas à Nantes, où l’offre RVD a été retenue par Nantes Métropole & La Carene pour la conception et la construction d’un nouveau centre de tri. Nous allons y installer deux nouveaux Max-AI®. Ils seront opérationnels dès 2020.
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